Le merle, oiseau solidaire, envahit-il les Cévennes ?

De midilibre.fr

Le merle, oiseau solidaire, envahit-il les Cévennes ? Ici-da10

Ici, dans un jardin de Montdardier. Le merle est l'oiseau le plus présent en Cévennes. (© D.R)

Il est noir, brillant, un éclat de basalte qui file comme un trait devant les yeux. Il grossit en nombre, s'agglutine en lourdes grappes et investit nos jardins. Il se mange, se rissole, se dore au four... quand manquent les grives. Vous l'aurez compris, il s'agit du merle, qui a donné son nom à une route viganaise. Mais voilà, l'oiseau semble se préparer à une véritable invasion, gonflant ses effectifs d'année en année. Il se trouvant partout, du fin fond du Causse au cœur des vallées les plus étriquées. Invasion ? Danger ? Menons l'enquête.

"Le merle mange les insectes alors il est le bienvenu"

Les Cévenols s'accordent volontiers - ce qui est en soi une rareté - : le merle devient l'espèce d'oiseau la plus présente en Cévennes. Il est partout, dans les parcs du Vigan, sur le bord des rivières d'Avèze, dans les buissons d'Arrigas, sur les plages des Lavognes de Montdardier, dans les bois de Pommiers... L'oiseau se fait-il plus visible ou ses effectifs grossissent-ils bel et bien ? Demandons leur avis à ceux qui sont susceptibles d'avoir une idée précise sur la question. Tout d'abord auprès de M. Dubeth, président de la société de chasse du bassin. "Il n'y a pas encore de surpopulation du merle, dit-il. D'année en année, il y en a de plus en plus, c'est un fait." À quoi cela serait-il dû ? "Le merle n'est pas un transhumant, continue M. Dubeth, il niche ici même. Comme la petite grive, il se nourrit de lierre, et comme le lierre prolifère par chez nous..."

Du côté du Parc national des Cévennes, M. Séon, directeur de l'antenne du Vigan, avoue que "l'oiseau appartient à une espèce très courante, qui ne mobilise pas vraiment le PNC." En revanche, il livre un détail intéressant : "On le voit en nombre dès qu'il fait froid, c'est un effet de la météo. Les merles ont besoin de graviers, pour broyer les graines dans leur jabot. Dès qu'on se déplace, on les voit sur le bord des routes." Plutôt une "impression" qu'une réelle invasion, donc, pour lui.

Au domaine de la Valette, sur les rives de l'Arre, on admet que si l'oiseau est partout, il n'est pas une nuisance, au contraire. M. Gros précise : "Nous faisons pousser des haies autour des pommiers pour attirer les oiseaux. Ils mangent les insectes. Alors le merle est le bienvenu." Sur la route de la Merlière justement, on reconnaît que cet hiver, le merle a pris ses quartiers. "Il dévore les graines de pyracantha. Dès qu'il neige en montagne, il arrive en nombre", confie ce Viganais. Ce jeune retraité "contemplatif" livre ses observations : "Ces oiseaux sont très organisés et solidaires. À l'approche d'un chat, ils se passent le message et vont jusqu'à l'attaquer et délivrer un des leurs de ses griffes !" L'oiseau, qu'il envahisse le pays pour de bon ou qu'il ne fasse que se manifester avec exubérance à l'approche du froid, a donc bien pris pied et semble avoir toutes les qualités pour perpétuer son espèce.

_________________

Je confirme, habitant les Cevennes, à côté du Vigan, que dans mon jardin aussi, beaucoup de merles. J'ai même un nid dans une haie de chevrefeuille. Ils viennent eux aussi manger les graines que je dispose dans mon jardin. C'est vrai que chaque année, on en voit de plus en plus. Je trouve qu'il est très beau dans sa livrée noire toute brillante et son joli bec jaune.

_________________

» Insolite. Une tortue solidaire de sa congénère !
» Une île au milieu des Cévennes à St-Jean-du-Gard
» Rarissime : un merle blanc dans un jardin à Hesdin-l'Abbé !