Chiens abandonnés d'Écuras : six à huit mois de sursis requisDe la prison avec sursis et surtout l'interdiction définitive de détenir un chien ont été requis contre les deux femmes qui avaient abandonné une vingtaine d'animaux le mois dernier.La salle d'audience était comble. Bénévoles et sympathisants de la SPA arboraient des photos des animaux laissés à l'abandon. Abandonner son animal pour les vacances, ce n'est pas simplement abandonner un animal, c'est aussi abandonner la dernière part d'humanité qui restait." Le 4 mai, Geneviève C. a partagé ce message sur Facebook. Quarante-huit heures avant d'abandonner sa vingtaine de chiens et chiots, ses trois chats et ses deux chèvres dans la maison qu'elle partageait avec Julie M. à Écuras.
Alertés par un voisin, les gendarmes, la SPA de Mornac et le maire de la commune découvraient quelques jours plus tard "une véritable scène d'horreur" dans le pavillon de deux femmes: des cadavres de chiens morts de faim et de soif, d'autres tellement faibles qu'ils ne pouvaient se tenir debout, enfermés pour certains dans le noir, une chienne contrainte de manger ses chiots un par un pour survivre...
Sous le regard sombre des bénévoles de la SPA
Les photos brandies hier au tribunal d'Angoulême par Me Marie-Géraldine Coupey, l'avocate du refuge de l'Angoumois qui tente depuis deux semaines de remettre les animaux survivants sur pied, ont jeté un froid dans la salle d'audience. "Des photos malheureusement en couleur sur lesquelles la souffrance des animaux est palpable". Mais Geneviève C. n'a pas vu ces photos. Elle ne s'est pas présentée au tribunal où elle devait comparaître pour abandon volontaire d'animaux, au grand dam des bénévoles et sympathisants du refuge de l'Angoumois venus en nombre au tribunal pour entendre "l'inacceptable".
Julie M., elle, est venue. Teint pâle, mâchoires serrées, yeux inquiets de l'animal aux abois, elle s'est avancée à la barre sous le regard réprobateur d'une salle comble. À voix basse, la jeune femme a tenté de s'expliquer. A assuré qu'elle était venue plusieurs fois nourrir les animaux depuis son départ. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à leur donner, à part un peu d'eau. Elle a aussi tenté de rejeter la faute sur son ex-compagne à qui elle avait pourtant dit qu'elles avaient trop d'animaux alors qu'elles ne touchaient que le RSA. Mais elle n'a pas pu regarder les photos de ceux qu'elle avait abandonnés à leur triste sort. Elle a aussi dit qu'elle espérait trouver du travail dans l'agriculture. "Dans l'élevage de chèvres laitières", a-t-elle osé préciser alors que la salle serrait les dents pour ne pas hurler sa colère. "Vous pensez vraiment en être capable?", a demandé le procureur Martin Viver-Daviot. "On verra bien..."
Les associations de défense des animaux, parties civiles, espèrent qu'elle n'en aura jamais l'opportunité. Ainsi, Me Grillon, avocat de l'Association nationale de défense des animaux et de l'Association Stéphane Lamart, a demandé que les animaux leur soient confisqués pour être confiés à la SPA de Mornac, que le tribunal interdise aux deux femmes de posséder un animal et qu'elles exercent une activité en rapport, direct ou non, avec les animaux.
Le procureur ne l'a pas suivi sur ce dernier point. Mais il a demandé la confiscation des animaux qui vivaient à Écuras ainsi que l'interdiction définitive de détenir un animal. Il a aussi requis huit mois de prison avec sursis contre Geneviève C., six mois avec sursis et 120 heures de travail d'intérêt général contre Julie M. Le président Chinour a mis l'affaire en délibéré jusqu'au vendredi 31 juin.
Source : http://www.charentelibre.fr/2013/06/08/chiens-abandonnes-d-ecuras-six-a-huit-mois-de-sursis-requis,1839676.php