De lunion.presse.fr
Ce sont de drôles d'oiseaux, des oiseaux de Thiérache. Il faudrait presque s'arrêter là, ne plus écrire, poser sa plume et les écouter piauler, au lever du jour, sous le soleil au zénith ou au crépuscule. Les écouter parce qu'il est parfois difficile de les distinguer, dans le feuillage des arbres ou les branchages des haies. A moins de laisser filer les heures, les minutes, les secondes.
Patienter. C'est ce qu'a fait Jean-Paul Ridou, photographe. Il a pris le temps de piétiner, de trépigner d'impatience, de se lasser et se laisser surprendre par l'une des espèces d'oiseaux qui nichent ici dans le bocage.
Un luxe dans une profession en mal de reconnaissance. Un étonnement de tous les instants pour le chercheur d'or qu'est un photographe. Sa machine en bandoulière, les pieds attachés à de bonnes chaussures de marche, Jean-Paul Ridou a ainsi sillonné les plaines, les vallées de Thiérache, en hiver comme en été. Dans son ouvrage, l'ensemble de ses photos forment comme un calendrier : il y a l'hiver et son manteau de neige, le printemps et ses montées de sève.
Et il y a ces oiseaux, ceux des marais, des forêts. Des bergeronnettes, des martins-pêcheurs, des chouettes. Des photos qui donnent des ailes et l'envie de voler au-dessus de la nature et de son microcosme étranger. A côté de chacune de ces images, quelques lignes décrivent en quelques mots ces oiseaux, rares, pour chacun d'entre eux, dans leur nature, dans leur biologie, dans leur lieu de vie.
Il y a la bergeronnette donc, une « sentinelle » qui ondule en volant et préfère les dortoirs collectifs à la chambre double ou simple. Il y a aussi le martin-pêcheur et son exotique de fourure, son piaillement et son vol acrobatique, rapide.
Et puis, il y en a d'autres encore dans la grande famille des oiseaux de Thiérache. La Thiérache où les haies n'ont pas encore été toutes arrachées et où certains marais demeurent intacts.
Mais « Oiseaux de Thiérache » reste un livre à regarder, un recueil qui rend hommage à la région, elle et son tempo, chahuté souvent parce qu'il n'a pas filé aussi vite qu'ailleurs, dans le département.